Le Québec sur le pouce (en auto-stop)

 

Faire de l’autostop de nos jours, peut s’avérer être une aventure dangereuse, voire périlleuse. Des histoires sordides de tortures au kidnapping, tout le monde se met d’accord pour dire que l’autostoppeur est la proie privilégiée des plus grands malades de ce monde. Bien évidemment, dans certains pays, ce n’est même pas la peine d’y songer. Mais parfois, comme au Québec ou en Nouvelle-Zélande, le stop peut se transformer en de véritables épopées, pleines de rencontres et de partages. L’autostop, j’ai testé pour vous et je vous dis tout !

 

Durant 10 jours, j’ai parcouru 700 kilomètres sur le pouce à travers le Québec (au Québec, on parle de pouce et non pas de stop) et je suis montée dans une trentaine de voitures (et un tracteur). J'ai croisé de tout: des hommes, des femmes, un chasseur avec l'orignal mort à l'arrière du 4x4, des fermiers au dialecte indescriptible, un camionneur fan de Céline Dion, un marin pêcheur sentant très fortement le poisson...etc. Certains soirs, les auberges de jeunesses m’ouvraient leurs portes, d’autres fois j’ai fait du Couch Surfing et certains de mes conducteurs m’ont également invité à dormir chez eux. Après avoir refusé plusieurs propositions de messieurs, certes charmants mais un peu trop entreprenants, une gentille mère de famille m’a accueilli dans sa maison, avec ses enfants et son mari. On vous propose une douche, on vous montre la chambre d’amis, on vous concocte un bon dîner pour « le pauvre autostoppeur qui doit mourir de faim ». En quelques mots, on vous reçoit comme un Roi, mais on vous considère comme un pauvre. Mais je tiens à remettre les choses dans l’ordre : l’autostoppeur ne se définit pas toujours (mais parfois) comme une personne pauvre, puante et affamée !

 

L’avantage, quand on est une fille, qu’on est toute seule et qu’en plus on est blonde, c’est qu’on n’attend pas longtemps sur le bord de la route…pourvu qu’il y ait des voitures ! Il m’est arrivé de descendre d’une voiture, de lever le pouce et d’être réembarquée tout de suite, mais j’ai également passé parfois plusieurs heures sur le bord de la route. Le Québec, c’est beau, mais c’est très grand. Et plus vous montez vers le nord, plus le nombre d’habitants au km² diminue. Alors il faut savoir s’armer de patience, de lectures et de crème solaire en cas de canicule.

Pourquoi faire de l’autostop ? Pour beaucoup, c’est un moyen économique de voyager. Mais pour les grands voyageurs, c’est avant tout une manière d’être au plus près des gens et de leurs cultures. Vous rencontrerez des gens incroyables qui comme vous ont voyagé en autostop quand ils étaient plus jeunes… vos péripéties respectives rendront les trajets amusants et remplis de partages. Des personnes vous inviteront dans leur maison (faire preuve de jugement quand on vous invite chez l’habitant) et vous feront partager leur quotidien. Mais l’autostop, c’est aussi des bons plans, des adresses, des conseils, des conversations exaltantes, comme très ennuyeuses…en bref, c’est une belle manière de partager.

 

Des anecdotes ? J’en ai des tonnes. Dans le top 3, celle d’un masseur d’une quarantaine d’années restera dans les annales : « Eh bien mademoiselle, vous n’avez pas peur de vous balader comme ça toute seule à travers le Québec … une jolie blonde comme vous ! » Quelques minutes plus tard… « Vous savez (sa main se déplaçant doucement sur ma cuisse), je suis masseur, si vous avez un peu de temps, je peux vous offrir un massage, vous devez avoir le dos en compote à porter ce gros sac », « Oh merci, c’est gentil mais vraiment je ne peux pas, je suis attendue. Euh d’ailleurs, si vous pouviez me déposer là, ça m’arrangerait ! ». J’ai aussi celle du monsieur à l’accent TRES particulier, vraisemblablement un chasseur : «  C’est super de voyager comme ça à travers le Québec. C’est la saison de la Rasse, faites attention si vous allez dans les bois. J’ai Rassais un orignal le weekend dernier, c’était impressionnant. Vous aimez la Rasse ? », « La Rasse ?? », « Bah oui, la Rasse, quand vous Rassez les animaux », « Aaaah, la Chasse… (par chez moi, on dit plutôt [Ch] que [Rr] mais peu importe), je vous avoue que je ne suis pas une grande fan mais je respecte…  ».

 

Quelques conseils pour ceux qui veulent se lancer dans l’aventure  de l’autostop :

- Privilégiez l’autostop en campagne et non près des grandes villes. Vous aurez plus de succès et moins de chance de croiser des grands malades.

- Ne soyez pas trop chargé… la poussette, la table de grand-mère,  les dix sacs contenant toute votre vie ou la panoplie du campeur (tente, casseroles qui pendent, réchaud  et tapis de sol) vous pouvez oublier. Un sac à dos et une guitare, ça passe très bien.

- Vous pouvez préparer un petit carton avec le nom de la ville où vous souhaitez vous rendre, ça met davantage les gens en confiance.

- Ne pas faire d’autostop la nuit, ne pas monter dans une voiture si vous avez un mauvais feeling, ne pas s’endormir, gardez vos affaires toujours près de vous.

 

Enfin, pour conclure, selon le pays dans lequel vous êtes en voyage, pensez à vous renseigner sur les lois. Certaines régions ou pays interdisent et pénalisent l’autostop. Pour des pays comme l’Iran ou l’Irak, le signe de l’autostop avec le pouce est perçu comme une insulte ou une invitation sexuelle.

 

Lire l’article du blog « Dis, tu me prêtes ton canapé », sur le Couch Surfing.

 

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