Première de Cordillère

 

 

Huaraz. 7 décembre 2013. C’est au milieu de la Cordillère Blanche que se côtoient ici des randonneurs venus des quatre coins de la planète grimper quelques-uns des plus beaux sommets du monde. J’ai testé, j’ai morflé!

 

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Au Pérou, c’est l’été en ce moment. Sauf dans la Cordillère où c’est l’hiver et qu’il pleut tous les jours. J’ai dû ressortir mon bonnet, mes moufles, mes pulls et mon poncho. Du coup, j’ai bien pensé à vous, à mes amis Montréalais sous leur - 30°c (j’habite au Québec depuis deux ans) et à mes Français chéris.

 

Durs à cuire!

 

Ah là là, j’en ai rencontré des durs à cuire dans ces montagnes. Pros, amateurs, fanas de sport ou tout simplement voyageurs pleins d’audace, ils avaient tous en eux une soif d’aventure qui m’a impressionnée. Comme Ingrid, la Française de 28 ans, avec ses récits à vous faire vibrer pendant des heures. Lassée de son travail en France, elle avait pris ses clics et ses clacs quelques mois auparavant, quelques économies et avait décidé de partir parcourir le monde. D’abord de Brest à Cuba en bateau-stop, puis un vol vers le Mexique. De là, elle s’est achetée un VTT pour 20 euros qu’elle a équipé de sacoches et hop, direction le Guatemala, le Honduras, le Nicaragua… jusqu’au Pérou. Sur son deux-roues! Quand je l’ai rencontré, elle venait de revendre un lama qu’elle avait acheté 200 euros à un paysan dans le but de randonner en solo dans la Cordillère pendant un mois. Une folle, comme je lui disais! Après il y a eu Oliver, l’Australien aux cheveux longs bouclés, rencontré dans mon auberge. Avec son look semi surfeur, semi montagnard, j’avais deviné du deuxième coup son pays d’origine (petit jeu auquel j’aime bien me prêter en rencontrant de nouveaux routards). En 10 mois, ce baroudeur avait parcouru l’Inde, l’Asie, le Népal, l’Argentine, le Chili, la Bolivie et aujourd’hui le Pérou. Nous sommes devenus copains de randonnée après quelques bières englouties. 

-         "Si tu veux, demain je pars grimper un col à 5 200 mètres d’altitude, qu’il m’avait dit. On se lève à 4 heures, on prend un mini bus et on commence la rando vers 7 heures. Y en a pour 4 ou 5 heures de montée".

 

Bien sûr, avais-je répondu, naïvement. Je venais de passer la journée dans les montagnes, à 4 200 mètres, sans « trop » de souffrance. Demain, c’est pour de vrai, avais-je pensé.  Eh ben, on ne m’y reprendra pas deux fois!

 

Brancard et masque à oxygène

Après un réveil difficile, les yeux encore collés, le bonnet sur la tête, nous préparons nos vivres pour la journée : avocats, bananes, chocolats, barres céréales, pains. Toute excitée, je ne savais pas encore que j’allais passer une journée de pure souffrance. Attendez les détails, vous allez vous marrer!

 

Certains d’entre vous l’ont peut-être déjà vécu, mais quand le mal des montagnes vous prend après un certain niveau d’altitude (généralement passé les 3 000 ou 4 000 mètres), deux choix s’offrent à vous : abandonner ou continuer… péniblement. Forcément, vous me connaissez, j’avais choisi la deuxième option! Quels sont les symptômes? Mal de tête, étourdissement, difficulté respiratoire et parfois vomissement. Programme alléchant, hein?!

Je m’étais pourtant blindée de feuilles de coca (oui oui, les mêmes feuilles utilisées pour la fabrication du Coca-Cola et de la cocaïne), connues pour ses vertus thérapeutiques contre le mal des montagnes et qu’il faut chiquer pendant un moment, des heures si l’envie vous prend. Je vous le dis tout net, ce n’est pas bon. Pas bon du tout. Imaginez mâcher des feuilles séchées de tilleul. Eh ben c’est pire! Pourtant ici, c’est comme un rituel, ils sont des milliers à les chiquer quotidiennement. Ça stimule, parait-il! En même temps, il faut bien qu’ils fassent honneur à leur titre de premier producteur mondial de coca.

 

J’avais donc dans mon sac mes précieuses feuilles, mon lunch, de l’eau. Sur le corps, mon beau poncho rouge qui me recouvrait de la tête aux pieds.

 

 

À se raconter nos aventures de voyage (il a bien rigolé quand je lui ai conté le passage de l’ayahuasca), nous marchons sans trop prêter attention à nos jambes qui grimpent, qui grimpent, qui grimpent… Puis, nos conversations s’espacent et c’est finalement Oliver qui commence à prendre de l’avance : ma respiration devient de plus en plus haletante, un léger mal de tête me prend! Je suis une tortue en train de faire la course avec un lièvre.

-        " Tu vois ce col là-bas avec les montagnes enneigées derrière? C’est là où nous allons. Courage, tu ne seras pas déçue!" Me dit-il.

Le col là-bas tout au loin? On y mettrait une maison sur le sommet qu’on la verrait à peine! Il avait beau m’appâter avec des carrés de chocolat, je souffrais. J’avais envie de pleurer. Ce n’était pas tant la difficulté de la randonnée mais plutôt ma respiration qui me faisait croire que mes poumons allaient lâcher. Qu’on m’apporte un brancard et un masque à oxygène por favor!

Arrivée au sommet (oui, je l’ai fait… non sans peine!), je m’écroule de soulagement! Mais la beauté du lieu valait bien cette souffrance. Un lac couleur émeraude avait pris place dans le creux des montagnes enneigées, de fines cascades hautes de plus de 15 mètres plongeaient tête la première dans l’eau limpide et des glaciers dominaient ce tableau irréel. C’était magique. Je revivais.

Au bout de 20 minutes, Oliver me lance un « c’est bon, t’es reposée, on peut aller voir le glacier? Y en a à peine pour 20 minutes ».

Je suis aussi flasque que mon poncho, mes bras pendent comme des guimauves trop cuites et toi, monsieur l’infatigable, tu veux aller voir un glacier. Rien que ça!

«  Allez, ce n’est pas tous les jours que tu peux aller toucher du bout des pieds un glacier dans la Cordillère des Andes ».

Aaaah le malin! Il avait trouvé la phrase pour me faire craquer.

«  Bon d’accord, mais ce soir tu me prépares un festin de roi et tu payes la bière! ».

«  Vendu! ».

Ce jour-là, j’avais appris le dépassement de soi. Une sensation difficile, mais qui fait un bien fou!

 

Aujourd’hui, je vous écris depuis Cusco, où je vais passer Noël dans une auberge de jeunesse. J’y fais du volontariat derrière le bar depuis une semaine, entourée de plus de 150 routards. Je vous laisse imaginer l’ambiance. Oublions le champagne, tant qu’on a l’ivresse!

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Commentaires: 3
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